Diez días en América dan para mucho / Dix jours en Amérique, déjà!

Pues sí, diez días llevamos ya en América, y parece que nos vamos acostumbrando a un ritmo muy diferente del español… También a no dudar cuando nos hablan de palta (aguacate), choclo (maíz) o zapallo (calabaza), ¡y a evitar a toda costa el verbo coger! Hace unos días aprendimos, por cierto, que su significado sexual viene de la época de la conquista, cuando los soldados españoles cogían a las mujeres indígenas y las devolvían violadas…

Aterrizamos, como sabéis, en Asunción (Paraguay), y enseguida nos sorprendimos del choque cultural, no sólo porque el paisaje urbano que nos rodeaba nos recordaba que ya no estábamos en Europa (los autobuses, los cables de la luz cruzando de lado a lado de la calle, los aires acondicionados goteando sobre las aceras – los paraguayos los evitan con mucho estilo, pero nosotros nos mojamos unas cuantas veces), sino por una obscena coexistencia de la riqueza al lado de la pobreza que, según nos han dicho, es característica de este lado del planeta: El bus que nos llevó del aeropuerto de Asunción al centro de la ciudad paseaba por uno de los barrios más rico de la capital, lleno de casas ostentosamente caras, aunque suponemos que casi nadie de los que viven allí se desplazan en bus; en el centro de Asunción, justo detrás del Cabildo, hay un poblado chabolista…

Asunción es una ciudad tranquilísima y alegre, repleta de gente en la calle que descansa en los bancos de los parques o vende su mercancía en la calle, agarrando con una mano el mate; los pocos asunceños con los que hablamos siempre estaban dispuestos a echarnos una mano para indicarnos un camino o decirnos en qué parada teníamos que bajar del bus; incluso, el guardia del pequeño zoológico que está en el jardín botánico nos abrió después del cierre y nos hizo una pequeña visita guiada.

De Asunción nos fuimos para el norte de Argentina, a las cataratas del Iguazú, un espectáculo increíble que no se puede describir, y que tampoco explican suficientemente las fotos. Os dejamos unos vídeos que hizo Hide, un japonés que conocimos en la estación de autobuses de Asunción y con quien compartimos un par de días.

Tuvimos suerte en Iguazú, pues nos hizo buen día (los dos días que fuimos) y pudimos ver bastantes animales: un tucán, un pájaro carpintero, un par de iguanas, mariposas y hormigas de tamaño desmesurado… Tras los días en Asunción, donde no nos cruzamos apenas con ningún europeo, nos agobió un poco la cantidad de turistas que se agolpaba en las pasarelas por las que se hace el paseo entre las cataratas, aunque la impresión negativa desapareció un poco el segundo día, recorriendo un pequeño camino menos transitado en el que uno se podía sentir en la selva (incluso tuvimos una pequeña tormenta tropical).

 

Dejamos Iguazú y empezamos a descender por el país: tras unas pocas horas de viaje llegamos a las ruinas de la misión jesuítica de San Ignacio, en la provincia de Misiones. Como europeos que somos, al estudiar historia sólo nos habían hablado de ellas por encima, así que nos sorprendió saber la organización y el avance de unos pueblos que, al fin y al cabo, se crearon en medio de la selva (literalmente: la misión de San Ignacio se la había comido la naturaleza); también, la visión ecuánime que de ellas se transmite: a pesar de la desnaturalización de los indios guaraníes, que eran recolectores, a pesar de la imposición de una religión y una cultura, pese a las enfermedades que trajeron los europeos y diezmaron a la población urbanizada y pese a que en las misiones también se hacía a los indios trabajar a destajo para fines que interesaban sólo a los europeos (para construir iglesias, por ejemplo), no pesa sobre ellas una mirada negativa, pues desde aquí dan mucha importancia al hecho de que las misiones salvaron a los indios de un destino mucho peor, que también habían traído los europeos.

Tras la expulsión de los jesuitas de los territorios españoles, en 1767, los guaraníes de las misiones se mezclaron con la población local (fundamentalmente en lo que hoy es Paraguay: allí el guaraní es lengua cooficial); los pocos que quedaron en la selva tuvieron que ir saliendo de ella poco a poco a causa de la deforestación. Hoy se concentran en poblados chabolistas en las afueras de las ciudades; cerca de San Ignacio visitamos a la comunidad Katupury, y allí conversamos con su cacique, Germán, que nos habló un poco de cómo viven y de sus necesidades. Después estuvimos un ratito jugando con los niños y haciendo fotos… ¡Nos hubiera gustado quedarnos algún día más para conocerlos mejor!

En San Ignacio nos esperaban trece horas de autobús (los autobuses argentinos son una experiencia reseñable, por cierto) para llegar a Santa Fe a visitar a nuestro amigo Santi…

 

DIX JOURS EN AMÉRIQUE, DÉJÀ

Et oui, ça fait dix jours que nous sommes en Amérique, et on dirait bien que nous nous habituons à un rythme qui est différent de celui des Espagnols… On commence à ne pas hésiter quand on nous parle de palta, choclo ou zapallo (mots qui ne sont pas utilisés en Espagne) et on s’habitue à eviter à tout prix le verbe «coger» (prendre)… D’ailleurs, on a récemment appris que le sens sexuel du verbe (baiser, en Amérique) vient de l’époque de la «conquista», quand les soldiers espagnols «prenaient» les filles indigènes pour les violer.

Nous avons atterri, comme vous le savez, à Asunción (Paraguay), où nous a surpris le choc culturel, non seulement parce que le paysage urbain qui nous entourait nous rappelait que nous n’étions plus en Europe (les autobus, les câbles électriques traversant de toute part les rues, les systèmes de climatisation qui goutaient sur le trottoir – les Paraguayens les évitent avec mais on s’est fait mouillé plusieurs fois), mais aussi la côtoiement obscène de la richesse et de la pauvreté, qui , d’après ce qu’on nous a dit est caractéristique de ce côté de la planète : le bus qui nous a emmené au centre-ville depuis l’aéroport passait par un des quartiers les plus riches de la capitale, avec de nombreuses maisons luxueuses, dont on pouvait imaginer que les propriétaires ne prennent pas le bus. Dans le centre d’Asunción, pratiquement collé au cabildo (administration du gouvernement), il y a un bidon-ville…

Asunción est une ville vivante, avec beaucoup de gens dans la rue se reposant sur les bancs des parcs ou vendant leurs marchandises dans la rue, toujours un maté la main (l’espèce de thé traditionnel). Les quelques « assomptionais » avce qui nous avons parlé étaient toujours prêts à nous aider pour nous indiquer le chemin ou nous dire à quel coin de rue il fallait descendre du bus. Le garde du petit zoo, qui se trouve dans le jardin botanique nous a ouvert les portes après l’heure de fermeture pour nous faire une petite visite guidée personnalisée (allant jusqu’à ouvrir la gueule de l’hippopotame à la main !).

Depuis Asunción nous sommes partis vers le nord de l’Argentine, aux cataractes d’Iguaçu, un  spectacle incroyable, difficile à décrire, et que les photos ne peuvent restituer entièrement. On vous laisse une vidéo qu’a faite Hide, un Japonais que nous avons rencontré à la gare de bus d’Asunción et avec qui nous avons partagé quelques jours.

Nous avons eu de la chance à Iguaçu, car il a fait beau (les deux jours passés là-bas) et nous avons pu voir pas mal d’animaux : un toucan, un pic-vert, quelques iguanes… Après le passage à Asunción, où on n’avait presque pas vu d’Européens, la quantité de touristes qui se bousculaient sur les passerelles qui relient les chutes était un peu oppressante, mais cette sensation avait disparu le deuxième jour en se baladant sur un petit sentier qui permettait de se sentir un peu plus dans la jungle (avec l’averse tropicale qui va avec).

 

Nous avons laissé Iguaçu et commencé à descendre le pays : quatre heures de voyage nous ont amené aux ruines de la mission jésuite de San Ignacio, dans la province de Misiones. En tant qu’Européens, les cours d’histoire nous en avaient enseigné très peu, et donc l’organisation et le niveau d’avancement de ces villes qui se sont créées au milieu dans la jungle (littéralement : la nature avait englouti San Ignacio après son abandon) nous a surpris, ainsi que la vision des missions qui se transmet : malgré la dénaturalisation des indiens guaranis (qui vivaient de chasse et récolte), l’imposition d’une religion et d’une culture étrangères,  les maladies européennes (qui ont décimé la population dans les missions) et le travail forcé (qui, dans les missions, avait pour objectif la construction d’églises, par exemple), il n’y a pas une image négative des missions. On privilégie ici le fait que les missions ont sauvé les indigènes d’un destin plus sombre qui, lui aussi, avait été introduit en Amérique par les Européens…

Quand les jésuites se sont faits expulser des territoires espagnols, en 1767, les guaranís des missions se sont mélangés à la population locale (ils sont allés notamment à l’actuel Paraguay : là-bas, le guaraní est une langue officielle). Petit à petit, la déforestation a forcé ceux qui sont restés dans la jungle (et qui n’ont jamais habité dans les missions) à en sortir. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux habitent dans de bidons-villes ; près de San Ignacio nous avons visité la communauté Katupury, et nous avons discuté avec leur cacique (chef local), Germán, qui nous a parlé de leur mode de vie et de leurs besoins. Nous avons ensuite passé un très bon moment à jouer avec les enfants… On aurait aimé rester quelques jours de plus pour les connaitre un peu mieux !

Après San Ignacio, 13 heures de bus nous attendaient avant l’arrivé à Santa Fe, où habite notre ami Santi…